Que faire lorsque l’alimentation affecte le corps? Comment distinguer l’allergie de l’intolérance? Une conférence évoquera ces questions prochainement.
Gluten, lactose, intolérances et allergies alimentaires: on en parlait beaucoup moins autrefois! L’intolérance au gluten, par exemple, ne concernait que les patients atteints de la maladie cœliaque (caractérisée par le fait que le système immunitaire activé par le gluten s’attaque à la muqueuse intestinale et la détruit progressivement).
Aujourd’hui, un grand nombre de personnes affirment se sentir mieux en évitant le gluten sans pour autant être touchées par cette pathologie, ou consomment des aliments sans lactose alors même qu’aucun diagnostic médical d’intolérance à ce composant du lait n’ait été établi. On parle alors non pas d’intolérance, mais de sensibilité au gluten ou au lactose.
«Nous sommes confrontés à un grand nombre de consultations pour des ballonnements, des difficultés de digestion, des diarrhées. Ces symptômes peuvent en effet signaler des problèmes d’intolérance alimentaire ou d’allergie, mais pas forcément», constate le Dr Michel Maillard, gastro-entérologue.
Les allergies se stabilisent
L’allergie est une manifestation du système immunitaire qui réagit à une protéine contenue dans un aliment en produisant des anticorps (immunoglobulines IgE) pour l’éliminer. «Ces anticorps stimulent les mastocytes, les cellules de l’allergie, à sécréter alors de l’histamine, au cœur et à la source de la réaction allergique, qui se manifeste de manière assez typique: picotements dans la bouche, irritations cutanées, difficultés respiratoires, voire étouffement et choc anaphylactique (ndlr: affecte tout l’organisme et doit être traité en urgence)», explique le Pr François Spertini, médecin-chef du Service d’immunologie et d’allergie du CHUV. Ces deux interlocuteurs, accompagnés de deux diététiciennes, seront les orateurs de la prochaine visite-conférence organisée par la Clinique de La Source*.
Entre 10% et 25% de la population est sujette à des allergies alimentaires. «Leur nombre a augmenté, mais on constate aujourd’hui une certaine stabilisation, affirme le Pr Spertini. La recherche de la substance provoquant l’allergie n’est pas toujours facile. En principe, un test sanguin ou un test cutané permet de la trouver, mais ce sont d’abord et surtout les observations des patients qui nous aident à la traquer».
Crustacés, crevettes, cacahuètes, noix, céleri figurent au hit-parade des aliments allergènes. Ne pas consommer l’aliment provoquant l’allergie constitue la seule manière de se soigner. Résultat: «Les patients craignent souvent que la substance se trouve dans des aliments sans qu’ils le sachent, et cela les angoisse car il suffit d’un microgramme pour déclencher l’allergie», constate le Pr Spertini. Il fustige ainsi certaines indications sur le produit comme «peut contenir des traces de»… «Cela génère de l’insécurité chez les personnes allergiques.»
Intolérances sous contrôle
Le gluten est une protéine relativement difficile à digérer. On le trouve dans tous les aliments contenant du froment (blé, épeautre), du seigle et de l’orge (pain, produits de boulangerie, pâtes). Les personnes atteintes de la maladie cœliaque (1% de la population) doivent impérativement l’éviter. Une prise de sang suivie d’une biopsie de la muqueuse intestinale permettent de poser le diagnostic. Ceux qui se disent sensibles au gluten peuvent simplement diminuer leur consommation.
«L’intolérance au lactose (qui est le sucre du lait) est moins contraignante car elle implique moins de changements au quotidien. Elle varie aussi en intensité, et avec l’âge», explique Tania Chatton, diététicienne. Le lactose (dans les produits laitiers) pose problème lorsqu’il est mal éliminé par l’enzyme digestive appelée lactase. «Notre rôle consiste à accompagner les patients dans leur régime et de veiller à éviter des carences», précise la diététicienne.
Francine Brunschwig
Parution : 24 Heures, 6 mars 2019
Conférence* jeudi 4 avril 2019 de 17h15 à 19h00 à la Clinique de La Source
* Vivre avec une intolérance ou une allergie alimentaire
Conférence : Dr Michel Maillard, Pr François Spertini, Mmes Émilie Malembe et Tania Chatton.
Inscriptions jusqu’au lundi 11 mars : www.lasource.ch/alimentaire
