28 April 2023 - Revue de presse

Vaud Famille: Tamalou dis ?_

Tamalou dis ?

Pour bien soigner, il faut d’abord bien évaluer la douleur. C’est ce qu’explique à Vaudfamille, la Dre Ilaria Taddeo, pédiatre et directrice du Centre d'urgences pédiatriques de Vidy.

 

Vaudfamille - La prise en charge d’un jeune patient n’est pas la même que celle d’un adulte ?

Dre Ilaria Taddeo - En effet, un enfant exprime sa douleur différemment. Entre un nouveau-né et un adolescent, il existe aussi une grande variété de réactions. En plus de l’âge, d’autres facteurs influencent la perception de la douleur. Cela peut-être le caractère de l’enfant, le stress du moment, les expériences médicales qu’il a vécues et qui ont pu lui laisser de mauvais souvenirs ou encore le niveau d’inquiétude des parents.
Afin d’organiser la meilleure prise en charge possible, nous devons mesurer la gravité de la situation dès la salle d’accueil. Dans tous les cas, nous ne banalisons jamais son ressenti et faisons en sorte qu’il soit compris dans sa douleur. Comme les enfants ne peuvent pas être installés en même temps à leur arrivée aux urgences, il est essentiel qu’une infirmière s’occupe d’eux en attendant et leur donne des antidouleurs si nécessaire. 

Quels sont les moyens pour évaluer et ensuite traiter la douleur d’un enfant ?

S’il s’agit d’un accident avec une plaie, une fracture ou un traumatisme, c’est plus simple à constater et à identifier immédiatement. Pour un mal de ventre ou des douleurs aux oreilles, c’est différent, car l’origine de la souffrance n’est pas visible.

On peut utiliser plusieurs échelles de mesure de la douleur. Sur l’une d’entre elles, par exemple, l’enfant place le curseur entre très, très mal et pas mal du tout, entre petit et grand bobo.
Sur une autre échelle, des visages illustrent des expressions plus ou moins douloureuses et permettent à l’enfant à partir de 4 ans de désigner celui qui décrit le mieux son état.

Cette appréciation nous aide à décider quel médicament administrer. En fonction de l’intensité de la douleur, nous avons recours à des types de médicaments de palier 1 à 3, des plus basiques – paracétamol, ibuprofène –, aux plus puissants – fentanyl, morphine.

Y a-t-il une évolution des techniques dans la prise en charge de la douleur ?

Aujourd’hui, nous pouvons nous servir de gels anesthésiants plutôt que de piqûres.
Nous disposons aussi du Meopa, un gaz composé d'oxygène et de protoxyde d'azote.

Il procure, en le respirant, un effet analgésique et légèrement amnésiant.

Depuis l’ouverture du Centre d'urgences pédiatriques en 2019, nous accompagnons nos jeunes patients avec l’hypnose qui rencontre beaucoup de succès. Pour cela, plusieurs membres de l’équipe médico-soignante se sont formés à cette technique qui agit contre les douleurs et les peurs.

Notre équipe a également élaboré un programme via un casque de réalité virtuelle où l’enfant peut s’immerger dans différents scénarios et décors. Cette alternative digitale est un moyen de distraire l’enfant et par conséquent, d’alléger sa douleur. À travers ces outils et une bonne communication, tout est fait pour tranquilliser les esprits et établir un lien de confiance.

Vidymed_pediatrie

Et quelle est la place des parents dans ce contexte ?

Les parents sont des alliés importants. Ils savent comment se comporte habituellement leur enfant, la façon dont ses douleurs se manifestent. Au-delà des pleurs, ils peuvent nous aider à comprendre ce qu’il s’est passé avant de venir aux urgences.

Sans leur présence, l’enfant peut se sentir seul, un peu perdu dans des locaux qu’il ne connaît pas et où il est entouré d’étrangers.

Pour éviter que les 16000 enfants que nous accueillons par an ne soient trop impressionnés, nous ne portons pas de blouse blanche, mais une blouse bleue. La décoration, l’ambiance, tout a été pensé pour que les enfants et leur famille se sentent à l’aise et que le personnel soignant puisse travailler sereinement. En créant un environnement apaisant, il est plus facile pour nous de faire la part des choses entre la vraie douleur et l’anxiété générée par les circonstances.

 

Publication : Vaud Vamille, le 27.04.2023  (https://www.vaudfamille.ch/)