10 January 2024 - Revue de presse

Le Temps: Articulations renouvelées_

Articulations renouvelées 

L’évolution de la médecine et de la technologie améliore et sécurise constamment la chirurgie prothétique de la hanche et du genou, un soulagement pour les personnes en perte de mobilité et souffrant de douleurs intenses.

 

Genoux
Les articulations, particulièrement celles de la hanche et du genou, jouent un rôle crucial dans le fonctionnement du corps.

 

La population vieillit et grossit, deux facteurs qui pèsent inexorablement sur les articulations essentielles à la mobilité: la hanche et le genou. Les statistiques révèlent que le nombre d’interventions chirurgicales prothétiques a considérablement augmenté ces dernières années, y compris en Suisse. Derrière cette augmentation se cache également une approche chirurgicale toujours plus précise où tout est mis en œuvre pour que la pose de prothèse soit un succès. En conséquence, elle est de plus en plus demandée et pratiquée. C’est dans ce contexte que nous avons rencontré le Dr Georgios Gkagkalis, médecin indépendant accrédité à la Clinique de La Source et spécialiste en chirurgie orthopédique. L’occasion de partager des informations précieuses sur les avancées technologiques, les méthodes de traitement novatrices et les défis auxquels sont confrontées les personnes en quête d’informations sur internet où les informations biaisées sont omniprésentes.

 

La mécanique à la rescousse du corps

Les articulations, particulièrement celles de la hanche et du genou, jouent un rôle crucial dans le fonctionnement du corps, permettant la mobilité. Le fonctionnement d’une articulation repose sur les os, le cartilage, les ligaments, les tendons et les muscles. Le cartilage recouvre les extrémités des os, réduisant la friction et permettant un mouvement en douceur. Les ligaments maintiennent les os ensemble, tandis que les tendons relient les muscles aux os, fournissant la force nécessaire pour le mouvement. Lorsque tout fonctionne en harmonie, l’articulation permet des mouvements sans douleur.

Cependant, divers facteurs tels que l’arthrose, l’usure due à l’âge, l’obésité, les traumatismes, ou des conditions médicales telles que la polyarthrite rhumatoïde peuvent provoquer une dysfonction articulaire. Les problèmes articulaires se manifestent souvent par une douleur, une raideur, un gonflement et une perte de mobilité. Pour réparer une articulation dysfonctionnelle, des traitements conservateurs tels que l’adaptation des activités de la personne, la médication, la physiothérapie et les infiltrations existent. Cependant, la chirurgie de remplacement articulaire, ou chirurgie prothétique, est souvent nécessaire. Elle consiste à retirer les éléments endommagés, tels que le cartilage usé, et à les remplacer par des composants de prothèse spécialement conçus pour restaurer la fonction articulaire.

 

Docteur Georgios Gkagkalis
Docteur Georgios Gkagkalis, Médecin indépendant accrédité à la Clinique de La Source et spécialiste en chirurgie orthopédique.

 

Les prothèses ont le vent en poupe

L’incidence de la chirurgie de remplacement de la hanche et du genou augmente avec l’âge de la population et avec l’indice de masse corporelle. En Suisse, c’est environ 25 000 prothèses de hanche primaires qui sont implantées chaque année, selon le registre des prothèses. De même, environ 19 000 procédures de remplacement du genou sont effectuées. «Et il y a une tendance à la hausse. Elle est également observée aux Etats-Unis avec une augmentation de 14% depuis 2021, malgré la pandémie de Covid-19 qui a freiné l’accès aux soins», précise le chirurgien. De plus, ces interventions se pratiquent sur des personnes toujours plus «jeunes» — la moyenne d’âge en Suisse est d’environ 69 ans —, car les modes de vie changent. C’est notamment le cas de la pratique d’activité physique par des personnes de plus en plus âgées, nécessitant des articulations fonctionnelles.

L’objectif principal des interventions en chirurgie prothétique est d’améliorer la qualité de vie. Georgios Gkagkalis insiste sur le fait que la chirurgie n’est «jamais entreprise à la légère et est réservée aux personnes qui en ont vraiment besoin». En d’autres termes, elle est pratiquée selon des critères médicaux stricts. «La décision d’une chirurgie prothétique de la hanche ou du genou est principalement basée sur la douleur intense et invalidante. Toutes les solutions conservatrices vont être entreprises avant, et si elles ne fonctionnent pas, alors seulement nous envisageons une chirurgie», précise-t-il.

 

"En Suisse, c’est environ 25 000 prothèses de hanche primaires qui sont implantées chaque année."

 

L’impact des nouvelles technologies

Les avancées dans le domaine de la chirurgie prothétique sont nombreuses et à tous les niveaux. Une de celles-ci réside dans l’utilisation de matériaux de pointe pour les prothèses de la hanche et du genou. L’utilisation du polyéthylène hautement réticulé et de la céramique de quatrième génération pour abaisser la friction a été une étape clé pour la durabilité des prothèses. «Il est néanmoins difficile d’en connaître la durée de vie exacte. Nous rencontrons actuellement des personnes qui ont des prothèses parfaitement fonctionnelles depuis vingt ans», indique-t-il.

L’usure, car elle survient parfois, ne provient d’ailleurs pratiquement jamais de la prothèse en elle-même, mais plutôt de la dégradation de l’os au niveau de l’ancrage de la prothèse. «Là encore, la technologie a évolué au niveau de la structure tridimensionnelle des matériaux d’ancrage à l’os. Il s’agit d’une cupule intégrée dans l’os. Plus sa structure tridimensionnelle est évoluée, plus l’os va parvenir à l’habiter et gagner en stabilité», poursuit-il.

De plus, la planification informatique assistée par l’intelligence artificielle permet aux chirurgiens d’anticiper avec précision chaque étape de l’intervention, à l’image d’un simulateur de vol, ce qui accroît grandement le succès des opérations. A cela, on peut encore ajouter les possibilités de personnalisation des prothèses, mais le chirurgien souligne que, selon la littérature scientifique actuelle, elle n’a pas de plus-value pour les cas «standard», uniquement pour les personnes avec une anatomie particulière de caractère héréditaire ou des suites d’un traumatisme. Il avertit que les patients sont influencés par les recherches sur le Net. Cela pousse certaines personnes à exiger des prothèses personnalisées sans qu’il y ait une recommandation médicale appropriée. Nous passons désormais beaucoup trop de temps à expliquer que ces technologies sont coûteuses et n’apportent pas forcément de plus-value», prévient-il. La chirurgie assistée par robot est également prometteuse. «C’est une technologie en devenir, mais, là encore, elle doit prouver qu’elle offre des avantages concrets par rapport aux méthodes conventionnelles.»

Finalement, l’impression 3D fait partie des avancées récentes dans le domaine. Elle sert principalement à imprimer des guides de coupes pour les cas particuliers. Ils sont construits sur la base de l’anatomie de la personne concernée afin de pouvoir effectuer des coupes plus précises. «Dans le cas de tumeurs où nous devons procéder à la résection d’une grande partie de l’os, l’impression 3D nous sert à imprimer des implants adaptés. Mais ce n’est pas de la chirurgie de tous les jours.»

 

S’en remettre aux spécialistes

Le Dr Georgios Gkagkalis relève que l’introduction de programmes de récupération préopératoire pour préparer mentalement et physiquement les patients fait aussi partie des avancées probantes. De plus, il mentionne que l’utilisation d’anesthésiants locaux et de techniques de fermeture de la peau moins invasives et plus esthétiques participe à réduire les douleurs postopératoires ou autres complications et par conséquent les visites au cabinet. La cryothérapie — utiliser du froid pour soulager les douleurs —, quant à elle, aide à réduire l’œdème et à optimiser le confort et les résultats après l’opération. «Une récupération réussie ne dépend pas seulement de la chirurgie en elle-même, mais aussi de la préparation préopératoire et des soins postopératoires», souligne-t-il.

Néanmoins, il n’existe pas de chirurgie sans risque, et les risques peuvent varier en fonction du choix de la chirurgie et de la santé globale du patient. Cependant, selon Georgios Gkagkalis, «les risques sont généralement faibles, et les médecins prennent toutes les mesures nécessaires pour les minimiser».

Alors, devant tant d’évolution menant à davantage de sécurité de la chirurgie et de durabilité des prothèses, n’hésitez pas à demander un avis consultatif à un ou une spécialiste. Voici les conseils de Georgios Gkagkalis: «Si vous souffrez de douleurs qui portent atteinte à votre qualité de vie, allez consulter! Ensuite, il est absolument capital de faire confiance au médecin que vous avez choisi plutôt qu’au «Docteur Google» ou ChatGPT, car le médecin connaît la littérature scientifique récente. Si le geste prothétique est choisi, nous avons désormais les moyens pour qu’il soit le plus précis possible et que l’opération soit un succès.»

 

Yann Bernardinelli
Parution: Le Temps, mercredi 10 janvier 2024