27 March 2018 - Revue de presse

24 Heures : Traitement de la migraine - À quels patients la chirurgie s’adresse-t-elle ?_

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L’acte chirurgical qui soulage 85% des migraineux

La technique novatrice de deux spécialistes lausannois consiste à décomprimer les nerfs périphériques.

«Je le dis carrément: j’ai entamé une seconde vie.» Joëlle a vécu avec des migraines depuis l’âge de 8 ans. «Ma mère me donnait des antalgiques». Jusqu’à l’intervention subie tout récemment, en novembre 2017, elle n’a jamais connu de période sans céphalées. «À partir de 2011, elles se sont intensifiées, j’en avais tous les jours.» Acupuncture, hypnose, ostéopathie, électrodes, médicaments: l’infirmière d’origine bretonne, arrivée en Suisse en 1988, a tout essayé. Après avoir été hospitalisée à la suite d’une violente crise en 2016, elle entend parler d’un traitement chirurgical qui agit sur les nerfs périphériques comprimés, et potentiellement sources des migraines. «Depuis mon opération, je n’ai eu qu’une seule migraine, autant dire rien comparé aux attaques quotidiennes d’avant», commente Joëlle.

Le Dr Giorgio Pietramaggiori et sa collègue (et épouse), la Dre Saja Scherer, ont introduit en pionniers ce type d’intervention en Suisse, qu’ils pratiquent désormais à la Clinique de La Source. Selon les résultats présentés au dernier congrès européen EURAPS de chirurgie plastique et portant sur 75 patients traités et suivis durant un an, 55% d’entre eux ont vu leurs migraines diminuer de moitié, soit en fréquence, en intensité ou en durée. Plus de 30% n’ont plus eu de migraines du tout et, pour 16%, rien n’avait changé après l’intervention.

Les deux spécialistes se sont formés en chirurgie de la migraine à Cleveland aux États-Unis où la technique a été développée il y a une vingtaine d’années. «Entre 15 et 20% de la population souffre de fortes et fréquentes céphalées très invalidantes. L’arrivée des médicaments à base de triptans a constitué un progrès majeur dans le traitement. Pour certains cependant, ils n’ont pas d’effet», expliquent-ils, rappelant que la cause exacte des migraines n’est toujours pas connue.

 

Chirurgie mini-invasive

«Nous avons pu identifier que les nerfs sensitifs de la tête, lorsqu’ils sont comprimés, constituent l’une des sources de la douleur. Ils sont au nombre de huit de chaque côté de la tête, dans la nuque, les tempes et le front. Notre intervention consiste à libérer le ou les nerfs impliqués, à les décomprimer, et cela grâce à quelques incisions qui écartent un muscle ou un vaisseau comprimant et créent ainsi l’espace nécessaire.» Cette chirurgie mini-invasive ne comporte pas de risque, hormis, comme pour toute opération, celui d’une infection. Elle intervient sous la peau et laisse une cicatrice discrète. Les patients notent en général rapidement une nette diminution des attaques.

Cette approche ne convient cependant qu’aux patients chez lesquels on a pu établir, grâce à des tests spécifiques, qu’un nerf comprimé constitue l’une des sources des maux de tête. Grâce à un questionnaire détaillé, le patient décrit ses migraines et le parcours, souvent identique, de la douleur. Pour confirmer le diagnostic d’un nerf suspecté – il peut y en avoir plusieurs –, on pratique des injections qui anesthésient le nerf durant deux à six semaines. Si durant ce laps de temps le patient n’a plus de migraine, le diagnostic est confirmé. Cette simulation de la chirurgie permet alors de passer à l’intervention elle-même. «Notre expérience avec plusieurs centaines de patients nous montre que ce processus de sélection des bons candidats se révèle essentiel pour le succès de la technique», affirment les médecins. (24 heures)

Francine Brunschwig

Parution : 24 heures, 27 mars 2018

 

Visite thématique jeudi 26 avril 2018 de 16h45 à 19h00

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