13 novembre 2019 - Revue de presse

NéoSanté : Les hommes sont-ils trop pudiques face à la maladie ? _

Cancers urologiques

En Suisse, chaque année, près de 8’200 nouveaux cas de maladies cancérigènes sur la prostate, la vessie, les reins, les testicules ou le pénis sont diagnostiqués. Dont 6’100 pour le seul cancer de la prostate. Le plus souvent à un stade avancé. Pourquoi ?

 

A la simple idée de devoir baisser le pantalon devant un médecin, beaucoup d’hommes renoncent à consulter. Et lorsque des douleurs, une fatigue, des saignements ou d’autres signes d’une maladie ne laissent plus le
choix d’une visite médicale, il est souvent trop tard. Les métastases sont déjà en place et le recours à une prise en charge lourde s’impose. Soigner une maladie urologique, ou même tout simplement en parler
est, la plupart du temps, un sujet tabou. Peu franchissent le pas et peu d’associations encouragent les hommes à une sensibilisation à ce phénomène. Seul le mouvement caritatif «Movember»1, actif sur plusieurs continents, fait un peu avancer la cause, très lentement. Cette association née en 2003 en Australie demande aux hommes de se laisser pousser la moustache au mois de novembre. Ceci en soutien aux hommes atteints par un cancer de la prostate ou des testicules, pour alerter l’opinion mondiale.

 

Une exposition

La Source a suivi le mouvement au moyen d’une exposition. Rien de vraiment spectaculaire si ce n’est de grands panneaux qui, sans tabous, montrent ce qui se passe lorsqu’un homme est atteint dans son intimité.
Son originalité est d’avoir des témoins. Trois hommes qui, à visages découverts, parlent de leurs cancers, respectivement de la vessie, des reins et de la prostate. Premier cancer pour les hommes, celui de la prostate atteint chaque année en Suisse 6’100 hommes, la plupart après 70 ans, mais déjà beaucoup dès 50 ans. Ces trois témoins décrivent les symptômes, le temps attendu ou perdu avant de consulter et leurs résultats après traitements. L’idée, pour eux comme pour les organisateurs de l’exposition qui est ouverte au public, est de sensibiliser les hommes à consulter dès les premiers signes.

 

La prostate à contrôler 

Contrairement au dépistage du cancer du sein chez la femme, il n’existe aucune systématique pour la prostate. Pourtant, un diagnostic précoce permet souvent de repousser l’échéance d’un traitement lourd. Les médecins traitants devraient logiquement recommander aux plus de 50 ans de vérifier le dosage du taux de PSA (antigène spécifique de la prostate) par prise de sang. Cet examen, qui est complété par un toucher rectal, permet de très vite déceler une éventuelle anomalie. Si c’est le cas, une IRM (imagerie par résonance magnétique) sera faite et si nécessaire un prélèvement de tissus. Evidemment rien de bien sexy dans ces examens. C’est pourtant le moyen d’évaluer la structure de la tumeur, son évolution, son agressivité et de définir les options thérapeutiques. En cas de métastases, cela permettra de choisir les traitements systémiques. Si le cancer est confiné à l’intérieur de la prostate, une prostatectomie radicale (ablation) est un autre traitement tandis que pour les cancers métastatiques, des traitements médicamenteux sont prescrits. La chimiothérapie et l’immunothérapie sont d’autres options. Autrement dit, toutes les questions qu’un homme n’ose pas ou ne sait pas poser à son médecin sont résumées dans cette exposition qui devrait, en cas de doutes ou de gêne, encourager les hommes à vite, vite, consulter.

 

1 Movember est un mouvement mondial qui, pour attirer l’attention sur les maladies urologiques, demande aux
hommes de se laisser pousser la moustache durant tout le mois de novembre. 

 

 

Nina Brissot
Parution : NéoSanté n°13, novembre 2019, un supplément Le Régional